Bernard Grandjean romancier
jeudi 2 mai 2024
Séparation.
vendredi 26 avril 2024
La rêveuse.
"M. de *** sentit une joie extrême en me voyant. Il me prit gaiement dans ses bras, m'appuyant un gros baiser, badina un peu lourdement avec mon fichu, voulut rire sérieusement, fut vivement repoussé, entra en pourparlers, fit des propositions, me représenta la conduite de sa femme qui le trouvait trop mari, me fit sentir le besoin qu'il avait d'une petite consolation comme moi, en vint à des offres réelles, me tenta et m'arracha un demi-consentement que je promis tout entier après deux jours de réflexion, c'est-à-dire jusqu'à mon premier voyage. Content de ma promesse, il me laissa partir, et je revins toute rêveuse à la maison."
(Jean-Baptiste Choudart-Desforges,1798)
Illustration : François Boucher, La rêveuse, vers 1760. Source : Residenzgalerie, Salzburg.
Jacques Firmin Beauvarlet a tiré de ce tableau une jolie gravure, qui porte en pied les vers suivants :
"Tout, jusqu’à l’air qu’on y respire,
Sert à l’Amour dans ce lieu plein d’attraits.
Gardez-vous d’y rêver trop longtemps… Oh Thémire,
Ce Dieu malin pour vous séduire
Sous des fleurs à vos pieds s’est caché tout exprès."
mardi 23 avril 2024
À l'horizon...
Les trois premiers romans de votre serviteur publiés par O barra O Edizioni ayant bien marché tant sur le net qu'en librairie, l'éditeur continuera à publier en langue italienne la série de mon héroïne Betty, jeune ethnologue strasbourgeoise amoureuse du Tibet. Le prochain tome, Une vengeance tibétaine, qui est le 3e de la série, s'annonce à l'horizon...
dimanche 21 avril 2024
À dix pas d'ici...
« — Ziska, à dix pas d’ici tu trouveras un escalier. Prends-le et monte vite à ta chambre ! Enferme-toi, et demain, fais comme si rien ne s’était passé !
— Vous m’avez sauvée ! Comment vous remercier…
— Plus tard, file ! »
Extrait de Le voyage de Ziska, de Bernard
Grandjean, aux Éditions du 38. À retrouver ici:
Illustration d’Auguste Leroux (1871-1954), pour Casanova, Histoire de ma vie, ouvrage écrit en 1798.
mercredi 17 avril 2024
Les gardes-côtes...
Le théâtre et l’opéra sont au XVIIIe siècle une distraction très populaire. La vie des vedettes est déjà autant scrutée qu’aujourd’hui par les gazettes, à l’affût du dernier ragot, du dernier scandale.
Depuis la première moitié du XVIIIe siècle, la Comédie-Française donne chaque soir une grande pièce, tragédie ou comédie en cinq ou trois actes, accompagnée d’une petite pièce.
L’Académie royale de musique (l’Opéra) donnait ses spectacles (tragédies lyriques et opéra-ballets) au Palais Royal, jusqu’à l’incendie de 1763. Pendant la construction d’une nouvelle salle, les représentations eurent lieu dans la "Salle des machines" des Tuileries, qui brûla avec le reste du palais pendant la Commune. La nouvelle salle du Palais Royal, (3 000 places) fut construite par l’architecte Moreau et décorée par François Boucher. L’inauguration eut lieu le 20 janvier 1770, avec la reprise du Zoroastre de Rameau. Mais le sort s’acharnait : onze ans plus tard, le 8 juin 1781, un nouvel incendie la détruisait.
Deux pièces de Voltaire, Sémiramis (1748) et L’Orphelin de la Chine (1755) révolutionnent l’illusion théâtrale avec la suppression définitive en 1759 des banquettes occupées par les gentilshommes sur scène. Les décors et les costumes correspondent désormais au cadre historique des pièces.
"Un terme plaisant de l’argot des coulisses désignait, à l’Opéra, ces figurants de la danse sans vocation, sans dispositions, sans goût, condamnés à languir perpétuellement dans les emplois infimes. Comme ils ne passaient jamais à l’avant-scène pour y “tricoter” le moindre pas, comme ils y défilaient seulement, dans les marches d’ensemble, comme on les colloquait toujours à l’arrière-garde des ballets et que la toile de fond du décor représentait souvent des rochers ouvrant sur la mer, on les nommait ironiquement : les garde-côtes." (Noverre, Lettres sur les Arts imitateurs, 1807).
Illustrations :
- Richard Cœur de Lion, scène 7 de l’acte I. Gravure de Claude Bornet (1786).
- Le théâtre (fausse ruine) au château de l’Ermitage de la Margravine de Bayreuth.
- Les Indes galantes, 1ere entrée, le Turc généreux. Bernardo Bellotto (1721-1780), dit Canaletto (comme son oncle) Estampe de 1758, BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra.
- Le théâtre des Variétés amusantes à Paris (maintenant le Théâtre-Français), en 1789. Cette salle a aujourd’hui disparu.
- Le programme de la Comédie-Française pour le mois de juin 1773.
Le théâtre des Variétés amusantes.
Programme de la Comédie-Française
vendredi 12 avril 2024
La Société de la Culotte
Le XVIIIe siècle a vu
naître un très grand nombre d’ordres farfelus et de sociétés bouffonnes, dont les
objectifs étaient variés : distraction des membres, défense des arts, etc.
Ainsi, l’Ordre des Lanturlus, qui était présidé par sa Grande Maîtresse, la
marquise de Ferté-Imbault. Il se réunissait dans une maison de plaisance du duc
de Rohan. Autre exemple, la très excentrique société de la Culotte, fondée lors
du relâchement des mœurs durant la Régence, par l'épicurien fermier-général Saint-Amarand
(Jean-Hyacinthe Davasse de Saint-Amaranthe,1692-1770). Société ouverte aux deux
sexes, ses statuts prévoyaient les dispositions suivantes (entre autres) :
« Profanes qui croyez peut-être,
Que la Culotte excite aux criminels désirs,
Apprenez à nous mieux connaître
Et que nous n'admettons que d'innocents plaisirs.
Celui de nous trouver ensemble,
Est le lien charmant de la Société,
Quand la Culotte nous rassemble
C'est pour nous une douce et sage volupté.
Dans nos délicieux mystères
Si le chagrin prétend troubler un sort si doux,
Nous le chassons à coups de verres,
La joie et les plaisirs règnent seuls parmi nous.
Mais de leur part les Culotines
Peuvent sans offenser la sévère pudeur,
Paraître quelquefois badines,
Une sage gaité ne craint point de censeur. »
En somme, de la gaité, mais du bon ton. Mais les Culotines et Culotins s’y sont-ils toujours tenus ? Qui saurait le dire…
Illustration : Watteau, les fêtes galantes…
jeudi 11 avril 2024
Si je fais un rapide calcul...
"Si je fais un rapide calcul, sachant qu’il y a à peu près 245 milles pour venir de Brigantium à Vesontio, ce qui représente, pour être généreux, une vingtaine de jours de voyage, il faudrait en conclure que cette esclave aurait coûté plus de 25 sesterces par jour rien qu’en nourriture ! Tu lui as servi quoi, à chaque repas ? De la tétine de truie au miel de Campanie farcie aux oursins de Carthage et à la chair de girafe ? De la murène pochée parfumée aux épices de l’Inde ?"
Extrait de "Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours", par Bernard Grandjean, Éditions du 38.
https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html
Illustration : une rue de la cité de Vesontio (reconstitution de l’ISTA, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, Université de Franche-Comté).
Séparation.
« Comme on s'est pris sans s'aimer, on se sépare sans se haïr ; et on retire du moins du faible goût que l'on s'est mutuelle...